Les villas stars de la Côte d’Azur

Beauté sauvage nichée entre mer d’azur et collines parfumées, la Riviera est un écrin de culture et de beauté. Si ses plages et son climat ensoleillé attirent les visiteurs, ce sont ses villas flamboyantes qui offrent l’un des plus beaux voyages dans le temps et entretiennent cette fascination éternelle. Ces demeures d’architectes, de mécènes ou d’artistes sont de véritables bijoux patrimoniaux, souvent méconnus du grand public. Voici une sélection de six villas incontournables, véritables œuvres d’art à ciel ouvert.

Villa Ephrussi de Rothschild, joyau de Saint-Jean-Cap-Ferrat

Classée monument historique, la Villa Ephrussi de Rothschild est depuis 1933 la propriété de l’Académie des Beaux-Arts. Elle a été léguée un an avant sa mort par sa créatrice, la baronne Béatrice de Rothschild, héritière d’une des plus grandes dynasties financières d’Europe. Le lieu, qui attire chaque année des milliers de visiteurs du monde entier, combine architecture, collections d’art, et jardins d’exception. Concerts, expositions, visites nocturnes ou événements privés, donnent vie à cette maison-musée qui ne cesse de fasciner.

Béatrice de Rothschild acquiert en 1905 un terrain à Saint-Jean-Cap-Ferrat, territoire encore sauvage, battu par les vents et les vagues. Contre l’avis des ingénieurs, elle y fit bâtir une villa inspirée des palais vénitiens et florentins, dans un style mariant les influences Renaissance, Gothique et Baroque. Les travaux dureront sept ans, mobilisant architectes, jardiniers et artisans d’art venus de toute l’Europe.

Érigée en 1912, la villa offre une vue spectaculaire sur la Méditerranée. À l’intérieur, chaque salon fut pensé comme une vitrine d’art, avec un goût prononcé pour le XVIIIe siècle français. On y trouve des tapisseries de la Manufacture des Gobelins, des porcelaines de Sèvres et de Meissen, des meubles signés Riesener, des objets d’art de toutes les époques, des tableaux de maîtres, et un salon Louis XVI entièrement reconstitué.

À l’extérieur, la baronne a conçu neuf jardins à thème : le jardin à la française, en forme de pont de navire, descend en cascade vers la mer, ponctué de fontaines musicales qui s’animent régulièrement au son de grands airs classiques. Autour se succèdent un jardin espagnol avec son patio ombragé, un jardin florentin, un jardin lapidaire, un jardin japonais avec son pont rouge, un jardin exotique peuplé de cactus, une roseraie délicate, et un jardin provençal. On y découvre aussi un temple de l’amour.

Désormais propriétaire du lieu, l’Académie des Beaux-Arts perpétue le vœu de sa créatrice, continuant de faire vivre son esprit d’origine avec élégance dans sa programmation d’événements.

 

1 avenue Ephrussi de Rothschild, Saint-Jean-Cap-Ferrat

Visite libre ou guidée

Villa Ephrussi de Rothschild
© Spiller
Villa Ephrussi de Rothschild - Chambre de Béatrice
Chambre de Béatrice © Sophie Lloyd

Villa E-1027, manifeste moderniste à Roquebrune-Cap-Martin

 

Icône du design moderne, cette villa blanche suspendue au-dessus de la mer est l'œuvre de l’architecte irlandaise Eileen Gray, pionnière du modernisme. Construite entre 1926 et 1929, elle intègre des meubles conçus sur mesure, des espaces ouverts et une esthétique minimaliste en rupture avec les codes de l’époque. La ville fut créée en collaboration avec son compagnon, l’architecte et critique Jean Badovici. Le nom E-1027 est un code : E pour Eileen, 10 pour J, 2 pour B, 7 pour G, les initiales de leurs deux prénoms et noms entremêlés, une signature intime et symbolique de leur relation.

La villa est pensée comme un manifeste de la modernité, en rupture radicale avec l’architecture bourgeoise de la Belle Époque. Inspirée des idées fonctionnalistes du Bauhaus et du mouvement De Stijl, E-1027 incarne une nouvelle philosophie de l’espace : des lignes pures, des volumes ouverts, une modularité des usages. Eileen Gray y conçut des meubles multifonctionnels (comme sa célèbre table ajustable), des volets coulissants, des garde-corps en acier tubulaire, des jeux de lumière naturelle savamment orchestrés. Chaque espace est pensé pour le confort, la liberté de mouvement, et la relation directe avec l’extérieur.

Dans les années 1930, après la rupture du couple, Jean Badovici conserve la villa et y invite Le Corbusier, architecte phare du modernisme, qui peint huit fresques murales sur les murs intérieurs de la villa.

Après la Seconde Guerre mondiale, la villa sombre dans l’oubli. Vandalisée, elle échappe de peu à la ruine. Classée monument historique en 2000, la villa fait alors l’objet d’un long et complexe travail de restauration, piloté par le Conservatoire du littoral et le Centre des monuments nationaux. Ce n’est que récemment qu’Eileen Gray a été pleinement reconnue comme une figure majeure de l’architecture moderne. Elle est aujourd’hui célébrée comme l’une des grandes figures féminines du design du XXe siècle, aux côtés de Charlotte Perriand ou Ray Eames.

Aujourd’hui, la villa fait partie du site culturel Cap Moderne, aux côtés du Cabanon et des cinq unités de camping de Le Corbusier, et du bar-restaurant L’Étoile de Mer de Thomas Rebutato.

 

Avenue Le Corbusier, Roquebrune-Cap-Martin

Visite guidée uniquement, réservation obligatoire

© Benjamin Gavaudo - CMN

Villa Noailles, laboratoire de modernité à Hyères

Cachée dans les hauteurs d’Hyères, cette villa avant-gardiste à la silhouette blanche géométrique poursuit son destin de haut lieu de création artistique. Commandée par les mécènes Marie-Laure et Charles et de Noailles et dessinée par Robert Mallet-Stevens en 1923, elle a accueilli des figures telles que Cocteau, Giacometti ou Buñuel. Aujourd’hui, elle est devenue un centre d’art contemporain vibrant, accueillant expositions, résidences d’artistes et événements prestigieux. Le plus célèbre d’entre eux, le Festival international de mode, de photographie et d’accessoires de mode de Hyères, fondé en 1986, révèle chaque année les nouveaux talents de la scène artistique mondiale.

À l’origine de la villa, Charles et Marie-Laure de Noailles, un couple de mécènes issus de l’aristocratie française, passionnés d’art, de littérature et d’avant-garde, résolu à soutenir les artistes et les idées nouvelles de leur temps.

La Villa Noailles est un ovni architectural pour l’époque. Située à flanc de colline, elle déploie une architecture cubiste faite de béton, de baies vitrées, de toits-terrasses et de volumes imbriqués. L’architecte Mallet-Stevens y applique les préceptes du modernisme naissant : lignes droites, absence d’ornementation, lumière omniprésente et intégration du design à l’architecture. L’intérieur est tout aussi novateur : escaliers suspendus, verrières, mobilier minimaliste, salles de bains ultramodernes, bibliothèque sur mesure. La villa est conçue comme un art total, mêlant architecture, design, lumière, jardin et confort. Le jardin cubiste, conçu par Gabriel Guevrekian, figure de l’avant-garde, prolonge les jeux géométriques de la maison dans un espace végétal radical.

Les Noailles y accueillent leurs amis artistes, écrivains, musiciens : Man Ray, Jean Cocteau, Luis Buñuel, Salvador Dalí, Max Ernst, mais aussi Giacometti, Mondrian, Brancusi... Toute l’avant-garde défile à Hyères, travaille, échange.  

Après la Seconde Guerre mondiale, la villa est progressivement désertée. Marie-Laure continue d’y séjourner par intermittence jusqu’à sa mort en 1970. En 1973, la Ville d’Hyères en fera l’acquisition. Aujourd’hui, elle est classée monument historique, et accueille un centre d’art contemporain de renommée internationale.


Montée de Noailles, Hyères
Visite guidée sur réservation 

Villa Noailles - Clos Saint-Bernard
© Olivier Amsellem
Villa Noailles - Clos Saint-Bernard
© Olivier Amsellem

Villa Kérylos, quand la Grèce s’invite à Beaulieu-sur-Mer

Posée face à la mer, au cœur de la baie des Fourmis et face à la presqu’île de Saint-Jean-Cap-Ferrat, la Villa Kérylos, « hirondelle de mer » en grec ancien, est une reconstruction fidèle d’une maison noble de la Grèce antique. D’un réalisme et d’un raffinement inouï, elle est édifiée en 1902 d’un rêve d’esthète, celui de Théodore Reinach, archéologue, homme politique et amoureux de l’Antiquité.

Né en 1860, Théodore Reinach avait nourri ce projet fou de vivre à l’antique, non pas dans une ruine reconstituée, mais dans une villa fidèle aux sources historiques, tout en y intégrant le confort moderne. Il acquiert un terrain spectaculaire en bord de mer à Beaulieu-sur-Mer, et fait appel à l’architecte Emmanuel Pontremoli, pour imaginer une reconstruction idéalisée d’une maison grecque du IIe siècle avant J.-C., inspirée des résidences de Délos et de Rhodes.

La structure suit le plan typique des maisons hellénistiques : un péristyle central, des galeries à colonnes, un triclinium (salle de banquet), une bibliothèque, une salle de musique, et des thermes privés. Tous les éléments décoratifs (colonnes, fresques, sols en mosaïque, bas-reliefs) ont été réalisés selon les techniques antiques, avec des matériaux précieux : marbres importés, bois rares, bronzes, tissus tissés à la main. Chaque pièce est meublée avec une rigueur historique. Les lits sont bas et en bois sombre, les sièges sont sculptés comme dans les fresques antiques, les lampes à huile ont été recréées à l’identique. Les murs sont ornés de peintures inspirées de scènes mythologiques, réalisées par des artistes sous la direction de Pontremoli.

Reinach, qui y passait ses hivers, y recevait artistes, intellectuels et amis, dans un cadre digne d’un dialogue socratique. À sa mort en 1928, la villa est léguée à l’Institut de France et est depuis ouverte au public, gérée par le Centre des monuments nationaux. Elle est classée monument historique.

 

Rue Gustave Eiffel, Beaulieu-sur-Mer

Visite libre ou audioguidée

Villa Kérylos
© Colombe Clier - CMN
Villa Kérylos, L'Amica di Picasso
L'Amica di Picasso © DR

Villa Eilenroc, perle du Cap d’Antibes

Cette villa de style néoclassique, construite en 1867, se dresse dans un domaine verdoyant de 11 hectares. Elle offre une balade hors du temps dans la Riviera originelle, entre pinède, oliveraie et roseraie. On y visite les salons d’apparat, la collection de parfums anciens, clin d’œil à l’histoire olfactive de la région, et on s’y imprègne de la Dolce Vita azuréenne.

L’histoire commence en 1867, quand un riche homme d’affaires hollandais, Hugh-Hope Loudon, fait appel à Charles Garnier, l’architecte de l’Opéra de Paris, pour dessiner une villa d’agrément sur ce promontoire de rêve du Cap d’Antibes, avec vue imprenable sur la Méditerranée et sur les Alpes du Sud. Le nom de la villa, Eilenroc, est un palindrome du prénom de son épouse, Cornelie.

Au XXe siècle, le Cap d’Antibes devient un haut lieu de villégiature hivernale pour l’aristocratie et la grande bourgeoisie européenne. Elle passe entre les mains de plusieurs propriétaires fortunés, avant d’être acquise en 1927 par les époux américains Beaumont. Madame réaménage les intérieurs et enrichit les jardins, qu’elle veut somptueux, exotiques et romantiques. Elle l’enrichit d’espèces méditerranéennes et tropicales, de bassins et de coins ombragés propices aux conversations. Leur villa devient un lieu de réception où l’on croise artistes, hommes politiques et aristocrates.

À sa mort en 1982, Madame Beaumont lègue son bien à la ville d’Antibes, sous condition de préserver son intégrité et de l’ouvrir au public. Le domaine de 11 hectares est embelli d’une roseraie splendide de plusieurs centaines de variétés, dont certaines créées sur la Riviera. Un chemin des senteurs, hommage au patrimoine olfactif de Grasse (lavande, jasmin, verveine et citronnelle), et un parc méditerranéen ponctué de pins parasols, d’oliviers centenaires et d’essences rares, offre un panorama majestueux sur la baie des Milliardaires.

460 avenue Mrs Beaumont, Antibes

La Villa est ouverte le samedi de 10 à 17h.

© Service communication ville d'Antibes

Villa Santo Sospir, œuvre d’art de Jean Cocteau à Saint-Jean-Cap-Ferrat

Célèbre pour avoir été entièrement tatouée par Jean Cocteau, cette villa fut un refuge artistique dans les années 1950. Sur chaque mur, le poète y a laissé son empreinte : fresques, symboles mythologiques, dessins au trait noir et colorations pastel donnent à l’ensemble un cachet unique. C’est une galerie intime et un lieu de création pure, à visiter avec émotion.

L’histoire débute avec Francine Weisweiller, riche mécène parisienne, ancienne mannequin, amie des artistes et figure libre de la Riviera d’après-guerre. En 1948, elle achète la villa construite vingt ans plus tôt sur les hauteurs de Saint-Jean-Cap-Ferrat, baptisée « Santo Sospir », « Saint Soupir ». En 1950, elle invite Jean Cocteau, célèbre poète, dramaturge et cinéaste, à passer quelques jours de repos. Il y restera dix ans ! Ce qui devait être un séjour deviendra un projet artistique total.

Très vite, Cocteau s’ennuie. Il prend une brosse, un pinceau. Il dessine d’abord un Apollon au fusain au-dessus de la cheminée. Francine le laisse faire et il continue d’orner les murs, les portes, les encadrements, puis toute la maison. S’inspirant de la mythologie méditerranéenne (Ulysse, Orphée, Apollon, Dionysos), il trace des lignes nettes, noires, parfois relevées de couleurs légères. Il peint sur le marbre, le bois, la chaux, toujours à main levée. Il théâtralise les lieux. Une tapisserie devient rideau de scène, un escalier devient temple antique. Santo Sospir devient son autoportrait à l’échelle d’une maison, atelier intime et repaire d’artistes. Cocteau y tourne plusieurs séquences du « Testament d’Orphée », et accueille ses amis : Jean Marais, Pablo Picasso, Yves Montand, Juliette Gréco, Christian Bérard, tous fascinés par cette maison où l’art est partout.

Après la mort de Cocteau en 1963, puis celle de Francine Weisweiller en 2003, la villa reste intacte, dans une authenticité brute, qui confère à Santo Sospir un pouvoir émotionnel unique. Classée monument historique, la villa semble toujours habitée par la présence de l’artiste. Elle est désormais ouverte au public à travers des visites guidées sur réservation, dans un silence religieux, pour mieux écouter l’art du poète.

 

14, avenue Jean Cocteau, Saint-Jean-Cap-Ferrat

Visite guidée sur réservation

© DR
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Photo cover : © C. Recoura

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