La French Riviera et le cinéma : a true love story !

Nulle part ailleurs que sur la Côte d’Azur, le cinéma n’a trouvé un écrin plus éclatant, ni une lumière plus inspirante. Depuis les balbutiements du septième art jusqu’à la création du Festival de Cannes, la Riviera incarne l’union parfaite entre la création cinématographique et l’aura de la méditerranée.

Au début du XXe siècle, les frères Lumière, inventeurs du cinématographe, arrivent sur les rivages ensoleillés du sud-est de la France. Fascinés par sa lumière, essentielle à l’époque où les tournages en extérieur nécessitent un ensoleillement intense, ils filment, en 1896 au carnaval de Nice, quelques-unes des toutes premières séquences documentaires. Ce choix géographique inscrit ainsi la Côte d'Azur dans l’imaginaire cinématographique naissant. Charles Pathé et Léon Gaumont s’y implantent également. Dans cet espace de villégiature adoré par l'aristocratie européenne, la nature prodigieuse, l’ensoleillement, et la beauté architecturale composent le décor idéal.

Les Studios de la Victorine : la genèse

À la fin de la Première Guerre mondiale, la nécessité d’une industrie cinématographique française compétitive permet la création des Studios de la Victorine à Nice en 1919. Inspirés des structures hollywoodiennes, ces studios, créés par les producteurs Louis Nalpas et Serge Sandberg, proposent un site de tournage sur sept hectares, alliant décors et vastes plateaux éclairés. En 1926, le réalisateur américain Rex Ingram, tycoon hollywoodien, auteur des « Quatre cavaliers de l’Apocalypse », choisit de s’installer sur la Baie des Anges pour y tourner son prochain film « Mare Nostrum ». Son influence est décisive : il rachète les studios, les modernise, et contribue à leur donner une visibilité internationale. Au fil des années, la Victorine attire les plus grandes stars du cinéma : de Marcel Carné, qui y tourna des scènes mémorables des « Enfants du paradis », à Alfred Hitchcock avec son inoubliable « La Main au collet », en passant par « Jeux interdits » de René Clément, la célèbre « Nuit américaine » de François Truffaut, ou « Flic ou voyou » de Georges Lautner. La Côte d’Azur devient un personnage à part entière dans la grande fresque cinématographique mondiale.

Tournage « Le Gendarme et les gendarmettes » de Jean Girault à Saint-Tropez le 10 mai 1982 © Patrice Pico - Getty Images

Le Festival de Cannes : vitrine du 7e art

En 1946, dans un contexte de reconstruction politique et culturelle, naît le Festival International du Film de Cannes. Pensé dès 1939 comme une riposte aux instrumentalisations totalitaires du cinéma (notamment à la Mostra de Venise sous Mussolini), il devient, dès ses premières éditions, un festival qui célèbre la liberté de création. La montée des marches du Palais des Festivals n’est pas seulement un rendez-vous mondain, elle valorise la diversité esthétique, l’avant-garde, les contestations artistiques. Dans l’extrait du règlement du festival en 1948, on peut lire : « Le but est d’encourager le développement de l’art cinématographique sous toutes ses formes et créer et maintenir un esprit de collaboration entre tous les pays producteurs de films. ». La Palme d’Or, qui consacra des cinéastes tels que Federico Fellini, Emir Kusturica, Martin Scorsese, Wim Wanders, Jane Campion ou Quentin Tarantino, devint l’ultime récompense, capable de propulser la carrière d'un auteur.

La Riviera, décor du cinéma mondial

Le spectaculaire de la Côte d'Azur tient à sa faculté de se métamorphoser selon les désirs de chaque cinéaste. Tantôt théâtre d’intrigues policières élégantes, comme dans « La Main au collet » d’Alfred Hitchcock, dont l'une des scènes emblématiques fut tournée sur la célébrissime Grande Corniche qui relie Nice à la frontière italienne et surplombe la Méditerranée, tantôt décor brûlant de passions troubles comme dans « La Piscine » de Jacques Deray, tournée à Ramatuelle avec Alain Delon, Romy Schneider, et Jane Birkin : elle incarne le rêve de tout cinéaste.

Dans « La Baie des Anges » de Jacques Demy, la Promenade des Anglais et les casinos niçois deviennent la scène d’une plongée dans l’enfer du jeu, porté par Jeanne Moreau. Le ton change avec la comédie populaire et culte « Le Gendarme de Saint-Tropez », où Louis de Funès ancre la ville dans l’imaginaire collectif. Jean Seberg, elle, incarne une Riviera plus mélancolique dans « Bonjour Tristesse », sublime adaptation du roman de Françoise Sagan tournée entre Cannes et la côte varoise. Impossible de ne pas citer « Et Dieu… créa la femme » de Roger Vadim, tourné à Saint-Tropez, qui révéla Brigitte Bardot au monde entier et offrit à la ville son aura glamour. Les années 1960 voient aussi surgir « Mélodie en sous-sol » d’Henri Verneuil, où Jean Gabin et Alain Delon organisent un casse dans un palace de Cannes. Truffaut, avec « La Nuit américaine », rend hommage à l’envers du décor en filmant la fabrication d’un film dans les studios de la Victorine. Dans les années 1990, la Côte d’Azur deviendra un terrain de jeu absurde dans « La Cité de la peur », pastiche déjanté du monde cannois. En 2011, Jacques Audiard y tourne entre Cannes et Antibes son drame poignant « De rouille et d’os » avec Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts, tandis que « Grace de Monaco » d’Olivier Dahan offre une reconstitution hollywoodienne du mythe princier monégasque en 2014.

« La Main au Collet » - Alfred Hitchcock, 1955 © Silver Screen Collection - Getty Images

Et aujourd’hui ?

L’histoire d’amour de la Riviera et du cinéma continue plus que jamais. Les Studios de la Victorine, gérés désormais par la société française Color et la Chambre de commerce et d’Industrie de Nice ambitionnent de redevenir un pôle majeur de production pour le cinéma et les séries télévisées internationales en investissant 37 millions d’euros pour moderniser toutes les installations. Parallèlement, de nouveaux festivals prolifèrent, tels que Canneseries, dédié aux séries télévisées, ou les Rencontres Cinématographiques de Cannes, renforçant l'empreinte culturelle de la région au-delà du cadre du cinéma d'auteur. L’an dernier, la Commission du film Alpes Maritimes Côte d’azur a observé une augmentation de 6 % du nombre de tournages (films, publicités, clips, documentaires…) dans la région, dont les productions viennent du monde entier. Nice, capitale de la Côte d’Azur, a connu une année record avec plus de 610 jours de tournage ! Les studios de la Victorine ont accueilli 540 jours d’occupation des plateaux. En tout, les retombées économiques directes s’élèvent à 62 millions d’euros, auxquelles on peut ajouter les retombées indirectes (tourisme, médias…) de plus de 143 millions d’euros. La Riviera est sur vos écrans, et apparemment pour longtemps !

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Cover : « La Piscine » - Jacques Deray, 1969 © Corbis - Getty Images

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