Myriam Kournaf-Lambert : L’âme retrouvée du Couvent

De Marrakech à Nice, de Los Angeles à Saint-Germain-des-Prés jusqu’à la Baie des Anges, Myriam Kournaf-Lambert a tracé un parcours fait de passion, de transmission et de sens. Aujourd’hui à la tête de l’Hôtel du Couvent, elle accompagne la renaissance d’un lieu mythique du Vieux-Nice : un ancien couvent des Clarisses du XVIIᵉ siècle, restauré avec soin par le groupe Perseus. Autour des voûtes romanes, un hectare de jardins suspendus, des terrasses plantées d’agrumes, un marché ouvert aux Niçois, une boulangerie, un bistrot et une guinguette composent un microcosme apaisé. Sous la direction bienveillante de Myriam, cet hôtel d’exception conjugue spiritualité et hospitalité, héritage et modernité. Rencontre avec une femme qui a fait du lien son art de vivre.

© Adrianna Glaviano

Plus d’un an après l’ouverture de l’hôtel, quel regard portez-vous sur cette première année du Couvent ?

D’un rêve à la réalité : le projet est devenu concret avec l’ouverture de l’Hôtel du Couvent, le 20 juin 2024. Quelle émotion de voir ce lieu reprendre vie après dix ans de travail et de passion partagée avec Valéry Grégo, investisseur visionnaire, Louis-Antoine Grégo, architecte du Studio Méditerranée, et les équipes de Festen Architecture et de l’Atelier Saint-Lazare. Chaque jour, l’émotion se renouvelle : dans l’émerveillement de nos hôtes, la joie de nos équipes, et ma gratitude, chaque soir, face à la cour des orangers et les jardins conventuels entretenus par Angello Smaniotto.

© Adrianna Glaviano

Comment avez-vous réussi à préserver l’âme du lieu tout en y imprimant votre vision ?

Nous avons voulu rendre au Couvent son souffle d’origine. Les années de restauration, menées avec les Bâtiments de France, ont été guidées par le respect de son histoire et de son silence. Ce lieu de 400 ans nous a été confié, et notre mission est d’en prendre soin. J’ai souhaité que nos hôtes vivent une expérience sensible, où la sérénité et l’échange se mêlent à une hospitalité joyeuse et bienveillante.

© Adrianna Glaviano

Lorsque vos hôtes franchissent ses portes, qu’aimeriez-vous qu’ils ressentent ?

Beaucoup nous disent ressentir une paix immédiate, une douceur. Le plus beau compliment qu’on puisse nous faire, c’est : « On a l’impression que vous n’avez rien fait. » C’est exactement ce que nous voulions : un lieu simple, juste, qui respire naturellement.

© Adrianna Glaviano

Vous avez créé le Prix des Saisons, qui fait entrer la littérature au cœur du Couvent. Quelle en est la philosophie ?

La littérature fait partie de ma vie. J’avais été parmi les premières à faire entrer les écrivains dans l’univers hôtelier, en créant un prix littéraire à l’Hôtel Montalembert à Paris en 2005. J’ai eu envie de renouer avec cette émotion ici, à Nice. Le Prix des Saisons est né de cette envie de dialogue entre auteurs, lecteurs et hôteliers. Pour sa première édition, il réunissait un jury prestigieux et fidèle, présidé par Christophe Ono-dit-Biot, avec Josyane Savigneau, Jean-Baptiste Andrea, Jean-Christophe Rufin, David Foenkinos, Amanda Sthers, Bernard Lehut, Alina Gurdiel et Julie Esclapez. Le prix a couronné Grégory Le Floch pour Peau d’ourse (Editions du Seuil). C’est une manière d’ancrer la culture et la littérature au cœur de l’hospitalité.

Nice et son art de vivre semblent vous inspirer profondément…

Nice a toujours su accueillir les voyageurs, depuis la Reine Victoria jusqu’aux artistes venus chercher ici une lumière unique. Sa clarté, ses couleurs, son héritage artistique, de Chagall à Matisse, jusqu’à Yves Klein, m’émeuvent chaque jour. Je suis née à Marrakech, mais Nice est devenue ma ville de cœur. J’y retrouve cette chaleur humaine et cette douceur méditerranéenne que j’aime tant transmettre à nos hôtes. En 2025, nous poursuivons cette mission : célébrer la lumière et les nuances magiques de la cité azuréenne, si chère à mon cœur.

© Emma Pitti Ferrandi

Le Couvent s’ouvre aussi à la ville, avec son marché sur la place des Orangers et ses tables conviviales. Pourquoi ce choix ?

Dès le départ, il était essentiel que le Couvent reste un lieu ouvert et vivant. Le marché installé dans la cour des orangers réunit producteurs, artisans, boulanger et herboriste maison. Le Bistrot des Serruriers, accessible à tous, propose une pissaladière à 5 € et un café à 1,50 €, dans un esprit simple et convivial. Cette proximité entre voyageurs et Niçois fait partie de notre identité. Le marché est aussi l’occasion de se retrouver, d’échanger, puis de prolonger le moment autour d’un déjeuner à la Guinguette ou au Restaurant du Couvent.

Vous avez également donné une place importante à l’art vivant.

Le Couvent a quatre siècles d’histoire, mais seulement seize mois d’existence comme hôtel. Nous ne sommes que des passeurs : il a existé avant nous et existera après. Notre rôle est d’y faire circuler la vie : la musique, la danse, la création. L’art vivant donne une vibration essentielle à l’ensemble.

© Emma Pitti Ferrandi

Enfin, si vous deviez choisir une saison qui incarne le mieux l’esprit du Couvent ?

Noël, sans hésiter. C’est une période empreinte de douceur : les sapins, les décorations simples et authentiques, les bouquets de houx, le gui pour s’embrasser le 1er janvier, sans oublier les clémentines et les marrons chauds offerts chaque jour dans la cour. Nos chefs, Endy Lepage, Florian Gaglio et Geffrey Marx, déclinent ces saveurs hivernales dans leurs pains, mets et desserts. C’est une saison d’humanité et de chaleur, fidèle à l’esprit du Couvent. 

Hôtel du Couvent

1, rue Honoré Ugo

Nice

04 12 05 55 60

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